Rigorisme d’abstinence
Le rigorisme d’abstinence est une composante implicite du fanatisme consistant à élever l’abstinence en vertu cardinale supérieure à toute action et à mesurer l’exemplarité d’un disciple en fonction des actes anodins désapprouvés qu’il s’est abstenu de réaliser, sans tenir compte de ses accomplissements positifs, au profit de l’idéologie.
Les actes désapprouvés dont il est question ne témoignent pas d’une duplicité ou d’une appartenance à un camp ennemi, mais sont une façon de garder sous contrôle des disciples en s’arrogeant la possibilité de prendre même les meilleurs éléments en faute, dans le but de les pousser à se racheter et de leur interdire d’avoir une influence plus grande que le clergé idéologique du mouvement. Le position de rigoriste d’abstinence donne en effet une aura de sainteté assurant la légitimité de son autorité, tout en autorisant à se placer en inquisiteur vertueux des comportements désapprouvés par l’idéologie du mouvement.
Exemples
Les christianismes, du catholicisme au nazisme en passant par l’islam, ont reposé très largement sur un rigorisme d’abstinence :
- Chez les catholiques, l’orthodoxie diffusée par le catéchisme et la liste des « péchés ».
- Chez les musulmans, la charia et la liste de tout ce qui est « haram ».
- Chez les nazis, tout ce qui est soupçonné de « juiverie » ou d’être « enjuivé ».
Ces religions reposent sur le rachat exceptionnel des fautes anodines par des sacrifices démesurés dans une guerre sainte, qu’elle s’appelle croisade, djihad ou croisade contre le « judéo-bolchevisme ». Ce phénomène est l’exception qui témoigne que la règle habituelle est l’obéissance à un dogme de rigorisme d’abstinence.