Mythe du féminisme ennemi des femmes
Le mythe du féminisme ennemi des femmes est un mythe antiféministe conservateur consistant à prétendre que non seulement les femmes n’auraient « pas besoin du féminisme », mais qu’en plus, le féminisme nuirait aux femmes.
Fonction du mythe
La principale fonction du mythe du féminisme ennemi des femmes est de délégitimer le féminisme en utilisant des arguments pseudo-féministes. Au lieu d’étaler directement leur misogynie, leur paradigme gynophobe, leur soutien à des causes antiféministes et leur haine envers les féministes, les antiféministes se donnent un visage faussement bienveillant en maniant une rhétorique plus ou moins féministe. De plus, le mythe du féminisme ennemi des femmes est un moyen de diffusion du mythe du protectorat patriarcal, version conservatrice du dogme de l’interchangeabilité des luttes (convergence des luttes).
Le mythe du féminisme ennemi des femmes et le pseudologisme de la fausse préoccupation
Les diffuseurs du mythe du féminisme ennemi des femmes ont systématiquement recours au pseudologisme de la fausse préoccupation. Ils ne font mine de se soucier de la liberté des femmes que lorsqu’il s’agit d’attaquer le féminisme et ne s’illustrent jamais le reste du temps par aucune contribution à la libération des femmes.
Exemples
En France, l’une des principales diffuseuses contemporaines du mythe du féminisme ennemi des femmes est la journaliste catholique conservatrice Eugénie Bastié. Dans son livre Adieu Mademoiselle, ainsi que dans diverses interventions médiatiques et conférences, elle défend l’idée selon laquelle le féminisme nuirait aux femmes. Une de ses conférences s’intitule même « Le féminisme, ennemi des femmes ? » 1Eugénie Bastié, « Le féminisme, ennemi des femmes ? », Café Philo La Garde / Youtube.com, (consulter la vidéo) .
Instrumentalisation des lacunes ou erreurs féministes à des fins antiféministes
L’une des tactiques les plus fréquente de diffusion du mythe du féminisme ennemi des femmes consiste à instrumentaliser des lacunes et erreurs féministes en les présentant comme la preuve que le féminisme serait nuisible aux femmes. La théoricienne féministe américaine Andrea Dworkins, dans son livre Les Femmes de droite 2Noémie Renard, « Les femmes de droite, par Andrea Dworkin », Antisexisme.net, (lire en ligne) , montre comment le camp conservateur américain a exploité une lacune du féminisme américain des années 70 pour convaincre un certain nombre de femmes que le féminisme était un danger pour elles. En effet, le féminisme américain des années 1970 s’étant principalement construit autour de l’exaltation de la libération sexuelle et du rejet de l’injonction à la maternité et à la réclusion domestique, il a offert sur le moment peu de solutions immédiates aux femmes aspirant à la maternité et à la sécurité matérielle, physique et émotionelles, et les médias conservateurs ont dépeint les féministes comme des ennemies des femmes et de la maternité.
Notes et références
↑1 | Eugénie Bastié, « Le féminisme, ennemi des femmes ? », Café Philo La Garde / Youtube.com, (consulter la vidéo) |
---|---|
↑2 | Noémie Renard, « Les femmes de droite, par Andrea Dworkin », Antisexisme.net, (lire en ligne) |